Toscane – Ombrie 8

Retour page accueil

Autre(s) page(s) en rapport avec ce sujet : Toscane – Ombrie (1) – (2) – (3) – (4) – (5) – (6) – (7) – (9)

Les étapes du voyage

 Abbaye San Galgano un site Internet indique ici une aire de service. Foutaise ! Certes, les abords d’une abbaye en rase campagne pourraient être le bon plan pour passer la nuit ; oui, mais…
… mais, car l’abbaye ne présente pas grand intérêt ; on n’y trouve que quelques pans de murs ruinés, sans couverture, un sol envahi d’herbes folles même dans le périmètre intérieur ; c’est le domaine des oiseaux. Alors, bien sûr, le bouquin explique qu’ici vécut Untel, que le 3e pilier est très important car…, que les chapiteaux représentent ceci et même cela… etc.

L’étape près de cette abbaye est réservée à ceux qui aiment les gigantesques parkings au milieu de rien, dallés d’autobloquants, étagés sur cinq ou six niveaux, avec des robinets qui ne délivrent pas d’eau, de bornes électriques non connectées, payant toutefois… On s’y retrouve complètement seuls. Bref, c’est d’un lugubre terrifiant ; à 19 h on reprend la route pour Dieu sait où !

 Massa Maritima : et le « ailleurs », après un bon bout de route en corde à nœuds, dans la pénombre de la serena, c’est Massa Maritima. Pas vraiment un choix, plutôt une nécessité de se poser enfin. Une étape bien trop longue et un piton de plus. Pourtant, avec un nom pareil et située à quelques dizaines de kilomètres de la mer, on avait imaginé une ville de plaine, plate. Aucun renseignement sur le stationnement ici.
Le Routard indique bien des campings dans la région mais à cette heure-ci on ne va pas commencer à chercher. Justement, en haut de la côte, à l’entrée de la ville, sur la droite, il y a un parking à peu près plat ; il y a même un camping-car. Hop, nous nous installons à côté. Puis nous partons à pied avec l’intention de grignoter quelque chose à une terrasse ; et par hasard nous y mangeons le meilleur plat de pâtes de toute notre vie !
Au retour, nuitamment, on constate qu’un autocar est garé tout contre notre véhicule, là même où était l’autre camping-car, volatilisé. Le chauffeur s’affaire un moment à l’intérieur puis plus aucun bruit, il dort probablement. Dans le fond nous nous sentons un peu rassurés de ne pas être seuls.
Cette nuit-là, à 3 h 35 exactement, le moteur du car se met en marche ; au bout d’une minute on ne peut plus respirer dans notre camping-car, asphyxiés que nous sommes par les gaz d’échappement que le monstre projette à bout portant sur nous ! Je saute dans mon short et cours à la rencontre du chauffeur pour lui signaler l’inconvénient. Il m’attendait, l’animal, et quand il a ouvert sa porte et  a vu que je venais pour me plaindre en pressant mon nez dans la main, avant même que j’ai pu ouvrir la bouche il a eu comme un moment de jouissance et s’est mis à gueuler des paroles que je n’ai pas comprises mais dans lesquelles étaient répété : « area, area » qu’il me faisait comprendre à coups de grands gestes. Manière de dire : les camping-cars doivent aller sur les aires qui leur sont réservées. Ce monsieur avait voulu donner une leçon à un de ces crétins de voyageurs qui viennent dépenser leurs euros chez lui ! Toutefois, sur l’instant et sans laisser trop chauffer le moteur, il est parti. Il a fallu laisser toutes les fenêtres ouvertes tout le reste de la nuit et afin de pouvoir surveiller les alentours, ne pas avoir le sommeil trop lourd. C’est la seule fois où nous sommes tombés sur un grincheux, ou plutôt un idiot, au cours de nos deux semaines de séjour, c’est quand même bien peu.

 Volterra : cette cité, récompensée de deux étoiles dans notre guide, ne nous a pas paru les mériter. On retrouve bien sûr la même configuration et les mêmes visites à effectuer que dans toutes les villes de la région mais ici il y a quelque chose en moins, indéfinissable. C’est pas mal, mais sans plus, malgré quelques éléments qui méritent un coup d’œil, comme la piazza dei Priori, la via Matteotti et la via Sarti, le duomo, le palazzo dei Priori(ouvert seulement le matin) et le théâtre romain. Pas utile de prévoir de s’y éterniser.
Dans les environs de Volterra, la route des « collines métallifères » fait traverser une vaste zone de plusieurs kilomètres hérissée de tours de refroidissement d’où s’exhale de la vapeur et où rampent partout dans la campagne d’énormes tubes métalliques y compris à travers les forêts, par dessus la route, ou le long des flancs des collines. Il s’agit d’usines qui recueillent les vapeurs d’acide borique contenu dans le sol de cette région à l’activité sismique très dense. En somme des usines géothermiques.
Le paysage en est malheureusement passablement abîmé.

 San Gimignano : voilà une pure merveille de petit bourg fortifié hérissé de maisons-tours ! Autrefois il y en avait 72 mais il n’en reste plus que 15. Il y est si agréable de flâner dans ses ruelles dallées, de déboucher tout à coup sur des placettes qui ressemblent une fois encore à des décors de théâtre, de découvrir le panorama de la plaine, tout en bas, accoudé sur un bout de parapet coincé entre deux maisons, vivre le farniente qui s’en dégage, surtout, comme toujours et partout, à l’heure de la passegiatta

Et sur le plan pratique c’est parfait : une aire de service contrôlée, nommée « Santa Chiara » fermée, non gardée mais très bien organisée, est à environ un kilomètre et demi du village. Les cales suffisent pour rattraper le léger dénivelé du terrain, toilettes et douches bien propres, bacs à vaisselle, machine à laver, vidange toutes eaux, remplissage, ombre, bar, et surtout navette pour le centre-ville toutes les heures, dernier retour à 20 h… rien ne manque ! Tarif 2006 : stationnement seul plus navette aller-retour vers la ville : 4 € de l’heure ; pour la nuit (quel que soit le nombre de personnes) et 24 h de stationnement, avec bénéfice des installations et navette autant de fois qu’on veut : 22 €. Qui dit mieux ?

 Pise :  nous avons opté pour le parking qui est à environ 500m du campo dei Miracoli, où sont regroupés le duomo, le baptistère, le campanile penché et le campo santo (cimetière très particulier qui mérite la visite).
Ce parking est normalement assez simple d’accès mais pour d’obscures raisons qui resteront mystérieuses nous nous perdons et tournons en rond pendant plus d’une heure avant d’en trouver l’entrée. Des navettes gratuites conduisent au campo mais il y a tant de monde prêt à se « bouffer le nez » pour monter à bord que nous décidons de faire le trajet retour à pied, et n’avons pas eu à le regretter. Car ici des centaines de cars de tourisme puants dont le moteur ne s’arrête jamais vomissent des milliers de drôles de pèlerins aux bonnets et accoutrements multicolores, appareil numérique en bandoulière, et les camping-cars sont légion, agglutinés les uns contre les autres. C’est tout simplement effrayant ! Et puis on se sent mal à l’aise, dans l’insécurité, les comportements des gens et des automobilistes ne sont pas aussi courtois que tout ce que nous avions vécu dans le reste de la Toscane ; ici, c’est l’usine à touristes avec toutes son horreur foulesque, commerces de babioles, de boissons et de panini hors de prix, de vendeurs africains, probablement en situation irrégulière qui tiennent le drap ou le carton qui leur sert d’éventaire prêt à être plié (tout en restant sur place) à l’approche de la maréchaussée. Bref, l’ambiance ne correspond pas du tout à ce que nous sommes venus chercher.

Au fait, si vous êtes intéressés par l’ascension de la fameuse tour, qui a été récemment rouverte au public, il vous faudra déboursée 15 € par personne ! Par contre, un billet groupé permettant de visiter les trois autres centres d’intérêt du campo ne coûte que 8 €. 
Un peu déstabilisés par le bouillonnement et le grouillement général, alors qu’il était prévu jusqu’au soir une visite plus approfondie de la ville (qui ne se limite pas à ce lieu commun qu’est la tour penchée) et de passer là notre dernière nuit en Italie, nous décidons de partir, de nous avancer sur la route du retour, en espérant trouver plus loin un coin plus accueillant pour dormir.

 Carrara Maritima : se le plus près possible de La Spezia mais avant la  ville, ce qui nous avance d’une cinquantaine de kilomètres, ne nous semble insurmontable. On quitte l’autoroute à la sortie « Carrare » puis nous nous rapprochons de la mer. Une route longe la côte où s’étirent des stations balnéaires aux établissements encore fermés. Les campings y sont nombreux ; à tout hasard je m’arrête à l’entrée de l’un d’eux, pour voir ; presque personne et pourtant des tarifs dissuasifs. On continue, et en traversant Carrara Maritima, sur notre gauche, côté mer (que l’on ne voit pas), une superbe allée bien plate, ombragée de grands pins, et des places de parkings déjà occupées par une dizaine de camping-cars manifestement installés pour la nuit.

Nous y trouvons la nôtre, seul le bruit atténué du va-et-vient sur la route nous parvient.
Rien de spécial à voir, même pas la mer, cachée à la vue par des flopées d’établissements de bains déserts. Ça nous convient pourtant très bien.

 Aire de Lambarette-Nord (Var) : avant d’arriver à la maison il est toujours intéressant d’avoir vidangé les réservoirs d’eau usée et d’eaux noires. Sur l’autoroute près de Saint-Maximin un panneau indique l’aire de Lambarette-Nord avec équipement d’une aire de service. Un petit arrêt technique et aussi pour se dégourdir les jambes y sera le bienvenu.
 On suit les panneaux, on tourne et on retourne, on franchit l’autoroute par un pont, on monte, on descend, on tourne et on vire encore ; c’est désert. Tout au fond on aperçoit une fontaine installée devant une dalle équipée d’une grille pour la vidange. Et on constate que l’eau ne coule pas. Quelque râleur à bon droit passé ici avant nous a même écrit sur le bâti : « Mensonge. Vous êtes des enfoirés ». Ce n’est, certes, pas très élégant mais c’est la vérité. On repartira après avoir vidangé et, par la force des choses, sans avoir nettoyé la dalle.
Ce genre de mauvaise surprise est de moins en moins rare, à croire qu’après une période d’euphorie à propos du phénomène camping-cars il y a quelques années, les choses partent à vau-l’eau dans l’indifférence générale, sauf quand il nous est demandé de mettre la main au porte-monnaie. Et pourquoi ne paierions-nous pas un petit pécule pour être correctement servis ? Sachant que rien n’est gratuit, je n’y suis pas hostile.

 Il reste encore pas mal de kilomètres à tirer avant de retrouver nos pénates.
Mais ça, c’est une autre histoire…

Très bon voyage à tous !

Suite

Nous utilisons les cookies sur notre site web. Vous avez la possibilité d’autoriser l’utilisation des cookies en cliquant sur le bouton « Accepter » ou de continuer votre visite.