Au fil de la Loire 5

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Dimanche 24 avril

Cheverny – Amboise  69 km

  Direction Blois, tout proche, son château et son musée de la Magie Robert-Houdin,
qui ont l’avantage de siéger l’un en face de l’autre et de bénéficier de billets d’entrée jumelés.

            Arrivée dans une cité inconnue, déserte, aux boutiques fermées, sous la pluie et une certaine fraîcheur, rien qui puisse laisser un souvenir impérissable. C’est un dimanche dans une petite ville de province ! Aussi on n’a pas envie de s’y attarder plus qu’il ne faut.

            Se garer ici n’est pas aisé, pas de places dans les rues autorisées, des rues en pente vertigineuse qui interdisent toute manœuvre avec un camping-car, bref il faut s’éloigner du centre-ville. C’est sur le quai que nous trouvons de la place, mais il va falloir enfiler les Kway et marcher en s’accrochant bien au parapluie pour retourner sur nos pas.

            Direction le château. Visite avec un guide qui nous remet le disque de l’Histoire de France déjà maintes fois entendu, forcément. Particularité de l’édifice : comme il fut construit en plusieurs épisodes au fil des siècles, son architecture s’en ressent ; ainsi, une aile est médiévale, une autre de style
Louis-XIII, le reste d’époque François-1er et Renaissance tardif.

            De l’autre côté de la place, le musée de la Magie donne un peu de gaieté à cette journée qui a commencé assez tristement. Une salle retrace cette discipline à travers les âges, une autre, dite salle des illusions, piège le visiteur avec des trompe-l’œil et des effets d’optique, sans oublier l’« hallucinoscope », vaste décor étrange qu’il faut parcourir dans l’obscurité,
le nez chaussé de lunettes spéciales qui vous font plonger dans l’univers sous-marin de « Vingt mille lieux sous les mers » ; objets truqués, baguettes magiques, costumes, photos ; dans le petit théâtre du musée, le public est convié à assister à une représentation. Et l’on s’aperçoit qu’on porte toujours un regard d’enfant sur les disparitions et réapparitions de personnages… comme par magie !

            En début d’après-midi nous roulons vers Amboise, à 40 km d’ici. Les quais, comme toujours, tendent les bras au camping-car, juste devant le centre animé, j’ai bien dit « animé » car à Amboise ça grouille dans les rues, les terrasses de café sont pleines, c’est gai, vivant, d’autant plus que le soleil vient de faire sa réapparition. Ah, que ça fait du bien !

            Visite du château, évidemment (je sens qu’on ne va pas tarder à en avoir une indigestion), d’en haut duquel on peut savourer la douceur de la large vallée de la Loire qu’il domine ; de la tour cavalière, qui permettait aux cavaliers d’accéder aux terrasses sur leur monture, des logis royaux richement meublés qui ont vu passer Charles VII, Louis XI, Charles VIII et son épouse Anne de Bretagne, Louis XII, François 1er et naturellement le grand Léonard de Vinci qui arriva ici à dos d’âne depuis Rome avec, dans ses bagages, trois de ses œuvres dont la célèbre Joconde. Et justement on va faire meilleure connaissance avec lui au clos Lucé où il passa les trois dernières années de sa longue vie. Et là on a été d’une maladresse incroyable.

Le prix d’entrée prohibitif de 24 € nous surprend, nous le jugeons injustifié après être ressortis ; ce que nous y avons vu était certes très intéressant, les appartements du Maître, des maquettes de quelques-unes de ses inventions (il n’était pas bête, ce type-là !), un joli jardin, tout cela est parfait mais quand même, c’est rudement cher. De retour au véhicule je déplie machinalement la plaquette qui nous a été remise à l’entrée et m’aperçois horrifié que nous n’avons pas tout visité. Pourquoi ? Je ne saurais le dire ; à moment donné, on a eu l’impression d’avoir terminé, on s’est retrouvé dans le jardin, alors nous sommes partis, bêtement, sans avoir jeté un regard sur ce papier que nous tenions à la main depuis deux heures.

            Hélas ! Le clos Lucé est maintenant trop loin, il va bientôt être 18 h et il va sûrement fermer ; c’est trop tard. Alors, tout en râlant quand même un peu, on s’installe à une terrasse de café ensoleillée et on passe un agréable moment à siroter une boisson fraîche tout en observant nonchalamment cette animation estivale omniprésente. Quel contraste avec Blois !

            L’île d’Or divise la Loire en deux juste devant Amboise, et il y a là un camping donné comme intéressant, avec aire pour les camping-cars. On y va. Vaste terrain plat engazonné, ombragé, spacieux, propre. C’est  9,50 € la nuit avec les services, l’affaire est entendue.

Le terrain est quasiment vide, seuls deux ou trois nomades de notre espèce sont disséminés çà et là, quelques caravanes aussi. Calme absolu à l’exception du chant des petits oiseaux, c’est parfait.

            En y accédant nous avons repéré un restaurant à la mine sympa, juste au coin du pont ; on s’y dirige, à pied, pour étudier les menus. Trois petits bonds et on y est. Simple mais correct et raisonnable, on s’y installe ; on aime bien se laisser servir, le soir, quand la fatigue se fait sentir ; mais voilà un luxe qu’on ne peut pas s’offrir chaque jour.

Lundi 25 avril 2005

Amboise – Azay-le-Rideau 216 km

 Comme on a notre dose de châteaux et qu’on tient à voir encore Chenonceau, aujourd’hui on va faire un break, autre chose, et surtout de la route. Ce sont les châteaux d’Azay-le-Rideau et de Langeais qui vont en faire les frais. Tant pis, on les verra une autre fois.

            Il est décidé de suivre tranquillement le fil du fleuve et de pousser jusqu’à Angers si le temps nous l’autorise. Une première escale a lieu à Tours, que nous connaissons déjà mais c’est une occasion de faire quelques emplettes de bouche et pour Danielle, de trouver une ou deux bricoles vestimentaires qui lui trottent dans la tête.

            Peu après Saumur nous accueille, ville à nous inconnue mais qui ne nous ravit pas plus que ça ; l’architecture militaire et des cités qui en sont inspirées ne sont pas notre fort. Toutefois nous n’ignorons pas que la ville est célèbre pour son vin et pour son école d’équitation, le « Cadre Noir ». On se met en quête de cette fameuse école ; ici, tout tourne autour des chevaux mais nous, nous tournons en bourrique car nous ne trouvons pas notre bonheur. Je m’arrête à une caserne et demande au planton l’adresse convoitée ; un gradé se radine et m’explique mais alors d’une façon lapidaire au possible ; il faut y mettre du sien pour se retrouver parmi de complexes carrefours et giratoires mal commodes, mais on y arrive.

            L’école est  à plusieurs kilomètres, à Saint-Hilaire-Saint-Florent, un site champêtre paisible et agréable. Des écoles d’équitation, de jumping, pour les enfants, s’égrènent  au bord de la route, puis on est arrêté par une barrière. C’est ici, le « Cadre Noir ». Je vais aux renseignement au poste de garde où je m’attends à discuter avec quelque vieux militaire bougon et suis surpris d’avoir affaire à deux jolies demoiselles en civil fort aimables qui m’annoncent que le manège ne peut pas être visité aujourd’hui, jour de fermeture au public,
et qu’il conviendra de revenir demain. Oui mais demain nous serons ailleurs ; tant pis.

            L’heure a tourné et il ne serait pas intéressant de pousser jusqu’à Angers, alors nous reprenons la route de l’est en virant à 180 degrés mais, pour changer un peu de paysage, par la rive sud de la Loire. Dans la traversée de Traquant, un panneau indique une aire pour camping-car non répertoriée ; amis camping-caristes, à vos calepins pour en prendre note !

            Arrêt à Candes-Saint-Martin ; on suit des panneaux qui suggèrent de gravir la colline par un sentier très escarpé pour profiter d’un panorama sur le confluent de la Loire et de la Vienne. Ce que la publicité ne dit pas c’est qu’une fois en haut on peut aussi y admirer les hautes tours fumantes d’une centrale nucléaire qui se profilent à l’horizon, sans doute celles de Chinon, la cinquième de notre périple, toutes polluant les eaux du même cours d’eau ou de ses affluents.

            Encore quelques kilomètres et un tout petit panneau que Danielle voit juste en passant indique une fabrique de jouets en bois. Demi-tour un peu plus loin et recherche du tout petit chemin. Et là, au milieu de rien, dans une boutique improvisée, sont exposés des chevaux de bois à roulettes ou à bascule, des marionnettes et des théâtres de Guignol à l’échelle des enfants, des canards, des assiettes, des mortiers, etc. Amusant.

            Contournement de Chinon pour aller à Azay-le-Rideau par Villaines-les-Rochers où le guide signale une aire de service avec parking pour camping-cars sur la place de la Mairie. 
A notre arrivée, six sont déjà installés et une bonne quinzaine devraient pouvoir y trouver place ; le sol n’est pas tout à fait horizontal mais peu s’en faut, les cales suffiront pour rectifier ; le coin est calme. A proximité une plateforme de vidange et un robinet, on les utilisera demain avant le départ.

 Je fais un petit tour et salue mon voisin de parking, qui ne me répond pas. Bon, rien de grave. Plus tard dans la soirée, alors que je suis hors du véhicule, un nouvel arrivant fait son apparition ; naturellement je le salue aimablement, mais derechef on ne me répond pas.
Et bien mes amis, je me demande ce que va devenir le camping-carisme si les mentalités évoluent de la sorte !  Ne croyez pas que je sois du genre à épier les faits et gestes des uns et des autres, ou à me coller sur autrui dès qu’il apparaît, pas du tout, mais alors pas du tout ; simplement il y a des comportements qui relèvent de la simple politesse et de la courtoisie que certains « sauvages » arrogants ignorent. Dans les premiers temps de mes 21 ans de pratique, une rencontre avec un confrère était une joie, une fête. Sans doute une question d’éducation.

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