Au fil de la Loire 7

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Jeudi 28 avril

Neung-sur-Beuvron – Éguzon  298 km 

 Retour à Saint-Viâtre pour y visiter la Maison des Étangs et admirer le clocher tors de l’église. Maison à colombages qui abrite des collections en tout genre, poteries anciennes, oiseaux empaillés, photos et croquis sur la vue des étangs, engins et outils anciens pour la fabrication des barques, pour confectionner des cordages, etc. C’est bien, sans plus. En sortant, un rapide coup d’œil sur le clocher de l’église vaut la peine car, extrêmement pointu et long,
sa couverture de tuiles est torsadée, on n’avait jamais vu ça.

            La jauge de gasoil arrive près du minimum et il devient urgent de trouver une station de carburant. Mais on a beau écarquiller les yeux dans la traversée des nombreux patelins qui jalonnent notre route, pas la moindre pompe. La situation devient critique. Je décide de demander où en trouver une au premier passant venu, malheureusement tous ces villages ont l’air morts, pas un chat dans les rues, c’est quand même incroyable ! Finalement je fonce en direction d’une silhouette humaine aperçue à quelque distance au coin d’une rue avant qu’elle ne disparaisse. Un brave homme m’apprend que je dois me rendre à La Ferté-Beauharnais pour trouver mon bonheur. Et dire qu’on y est passé il y a peu de temps ! Rien ne sert de râler, il faut y retourner. Ouf, il était temps, moins de trois litres seulement restait au fond du réservoir. Amis promeneurs dans cette région, soyez prévoyants et surveillez votre jauge.

            Naturellement, passant par Lamotte-Beuvron vers les 13 h, nous y déjeunons et y dégustons la spécialité  du pays, la fameuse tarte Tatin, puisque c’est ici que les sœurs du même nom ont inventé, grâce à une erreur commise devant les fourneaux, ce délice gastronomique.

            Maintenant cap au sud, puisque le périple au fil de la Loire touche à sa fin. Dans la traversée de La Chapelle-d’Angillon une brève escale très décevante permet de voir la maison natale d’Henri Alban Alain-Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes ; en bordure de la nationale vampirisée par les poinds-lourds, aucune explication ni indication d’un quelconque musée, rien ; seule une petite plaque contre la façade en indique l’existence. On s’engouffre sur l’autoroute ; Vierzon, Châteauroux… Un arrêt pipi à l’aire des Mille Étangs, sur la A20, révèle une aire pour les camping-cars, encore une fois jusqu’ici non identifiée.

 Fin d’après-midi, il faut sortir du grand ruban pour trouver un point de chute sympa pour la nuit ; c’est quelques dizaines de kilomètres au sud de Châteauroux que l’on bifurque vers Éguzon, un « Village Étape », comme l’annonce un panneau. Beaucoup d’enseignes d’hôtels, de restaurants, de centres de loisirs, et aussi un camping équipé d’une aire pour camping-cars.

            Difficile à trouver ce camping, au moins à deux kilomètres en dehors du village, par une route si petite et si escarpée qu’on est à deux doigts de se retourner en pensant qu’on s’est trompé.  Et tout à coup, droit devant, LE camping de rêve, spacieux, arboré, fleuri, pelousé, étagé en jolies terrasses successives, et surtout surplombant un grand lac équipé d’une base nautique encore fermée en cette période de l’année. Majestueux paysage noyé dans la douce lumière dorée du jour finissant. Et avec ça le calme absolu. Trois ou quatre confrères seulement se partagent cet espace idyllique.

 Éguzon est membre de la fédération des « villages étape », laquelle édite une petite plaquette indiquant la situation des autres village et les divers services qui y sont proposés. Très bien fait (voir document ci-dessous).

 Et voulez-vous connaître le tarif, services camping-car compris ? 5 € ! Quand je vous disais qu’il est souvent inutile de se passer, par principe, d’un camping !  

Vendredi 29 avril

Éguzon – Saint-Georges-d’Orques  496 km  

             Réveil au cri rocailleux d’un paon. Ah ! voilà un de ces matins de printemps qui donnent envie de retenir le temps, de respirer à pleins poumons, de se fondre avec la nature ; l’herbe est encore  tout humide de la rosée de la nuit, le ciel est bleu, l’air est doux, la journée risque d’être carrément chaude.

            L’autoroute n’est qu’à six kilomètres. Quel plaisir de musarder sur cette petite route, on rêvasse en admirant les fermettes isolées, les massifs forestiers, les champs ; tiens, regarde ce vieux lavoir de pierre comme il est mignon, et là ce petit troupeau de chèvres…

            Je rempilerais volontiers, hélas, cette jolie route de campagne nous ramène au bercail. Allez zou, comme on dit chez nous, dans le Midi, quand faut y aller, faut y aller !

 Le long ruban s’étire maintenant à perte de vue ; peu de circulation. Tiens, encore une aire pour camping-cars signalée sur l’aire de Boismandé, une de plus non répertoriée.
Brive-la-Gaillarde sortie n° 53, juste avant la portion à péage ; car depuis hier nous roulons sur la portion gratuite de l’A20. Figeac et Rodez sont indiqués sur les panneaux. Arrêt gastro à Figeac, parking à l’ombre des platanes le long du quai ; c’est le coin idéal pour se régaler les papilles gustatives. Sans chercher à faire d’excès, car il va falloir encore conduire jusqu’à ce soir, nous boudons cependant toutes les terrasses de brasseries, de snacks, marchands de frites et autres pizzas ; non, nous aimerions dégoter un petit resto qui ne paie pas de mine et où est proposée de la vraie cuisine du terroir pour un prix qui ne dépasse pas celui des fast-foods, car ça existe, bien sûr, je le sais par expérience. Et en tournant et retournant dans les ruelles nous tombons sur « L’Escargot », blotti entre deux autres maisons, sur l’autre rive du Lot qu’il surplombe. On nous annonce la couleur en arrivant : ici, cuisine familiale concoctée de mère en fille depuis trois générations ! Danielle déguste un steak de foie gras de canard pendant que je me lèche les babines et me brûle les doigts avec une cassolette d’escargots qui sera suivie d’un succulent magret préalablement émincé en fines lamelles, accompagné d’une sauce dont on ne peut oublier la délicatesse.

            Alors, ces agapes sont-elles vraiment raisonnables ? Je crois que non, mais maintenant c’est trop tard, on y est on y est. Pour ne pas avoir l’estomac trop chargé, nous ne prenons pas de dessert ; quant au vin, un tout petit quart en pichet ne sera pas de nature à me tourmenter sur la route sous sa forme insidieuse de célèbre « coup de bambou », d’autant que j’ai alterné sa dégustation avec moult grands verres d’eau.

            Hop, en piste, Decazeville sera le prochain point de passage. A Bouillac, minuscule localité que traverse la route principale, encore une aire pour les camping-cars. Nous concluons de la présence de toutes ces aires que le guide ne guide en fait pas grand-chose tout en reconnaissant la difficulté que peut rencontrer un éditeur pour se tenir constamment à jour des nouveautés ; on peut bien comprendre qu’il y a forcément un décalage, souvent plus d’une année, entre le moment où l’information lui est connue et celui où elle est enfin imprimée et à la disposition du public après avoir été vérifiée.

            Puis c’est la traversée de Rodez avec ses myriades de giratoires qui ne règlent absolument pas les problèmes d’encombrement, on pourrait même penser qu’ils les accentuent ; enfin, c’est la grande mode… Et voilà Millau, heu, pardon, Millau tout en bas car sur l’autoroute nous entrons de façon magistrale comme au premier jour de notre voyage, sur le tablier du nouveau viaduc, à quelque trois cents mètres au-dessus de la ville. C’est vraiment impressionnant ; dire que c’est beau, grand, superbe, magnifique, grandiose, tout cela n’est qu’euphémisme, ça ne se  raconte pas, il faut le vivre. Mais attention, 2,5 km c’est vite parcouru, d’autant qu’on n’a guère le loisir de lever le pied et encore moins celui de s’arrêter.

            Pour bien le contempler je conseille à mes amis camping-caristes de quitter l’autoroute à la sortie Millau et de se rendre à Creissels, village périphérique à la grande ville, où un parking a été spécialement aménagé presque sous le tablier au pied d’une pile, à un endroit d’où l’on jouit d’une très belle vue sur l’ensemble de l’ouvrage. Il suffit de suivre les panneaux indicateurs. Émotion garantie.

            Voilà, plus que cent kilomètres et nous serons à la maison. Demain il faudra faire un peu de ménage dans le camping-car et refaire une petite beauté à sa carrosserie avant de le remiser jusqu’au prochain voyage. Mais ça, c’est une autre histoire…

Total voyage  : 2313 km

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